Anna de Noailles, âme gnostique

Abstract

Du destin, à tous les égards, extraordinaire, d’Anna de Noailles (1876-1933), la postérité a retenu principalement la part de légende: ses apparitions exubérantes dans des soirées mondaines de la Belle Epoque, sa loquacité hors du commun, ses célèbres inimitiés... Pourtant, on ne saurait en aucun cas réduire l’auteur du Cœur innombrable à cette image anecdotique. Il suffit de se plonger dans l’œuvre – poétique, romanesque – de cet écrivain pour comprendre que nous sommes en réalité en présence d’une âme gnostique, remplie d’une profonde mélancolie et du sentiment de la vanité de tout. C’est précisément à l’analyse du réseau sémantique de cette « révolte métaphysique » dans l’œuvre d’Anna de Noailles que je m’emploie dans cette contribution. L’étude comporte trois grandes parties, consacrées, respectivement, à la perception du monde et de la vie humaine dans l’œuvre noaillienne (« Un globe hostile aux humains »), au sentiment d’extranéité d’Anna « jetée » ici-bas (« L’Etrangère ») et, enfin, à la certitude, chez notre auteur, d’une élection qui s’apparente, selon moi, à la possession de la gnose (« La Gnostique »). Par ce travail, j’espère démontrer le bien-fondé du concept, très intéressant à mes yeux, du « gnosticisme éternel » dans la littérature française.